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Publié le 24 août 2022 / Santé publique

L’OMS, le Togo et la Fondation Brazzaville invitent les pays africains à se joindre à la lutte contre les faux médicaments

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23 août, à Lomé (Togo) – Le trafic et la consommation de médicaments falsifiés et de qualité inférieure (MFQI) est un fléau qui n’épargne pas l’Afrique. Lors de la 72e session du Comité régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, la Fondation Brazzaville a co-organisé un événement parallèle avec le Ministère de la Santé de la République du Togo et le Bureau régional de l’Afrique de l’OMS.

Légende (de gauche à droite) : Dr Mamessilé Aklah Agba-Assih, Ministre déléguée de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux soins du Togo ; Dr Joseph Kaboré, Directeur de la gestion des programmes de l’OMS pour l’Afrique ; Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général de l’OMS ; Mme Minata Samaté Cessouma, Commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement sociale à l’Union africaine ; Dr Daniel Ngamije, Ministre de la Santé du Rwanda ; M. Richard Amalvy, Directeur général de la Fondation Brazzaville.

Intitulée « Lutter contre les médicaments qui tuent en Afrique : une approche collaborative et intégrée », la rencontre avait trait à la coordination de la lutte contre les MFQI en Afrique et rassemblait les panélistes suivants : Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général de l’OMS et le Dr Joseph Kaboré, Directeur de la gestion des programmes de l’OMS pour l’Afrique, le Pr Moustafa Mijiyawa, ministre de la Santé de la République togolaise, et son homologue rwandais, le Dr Daniel Ngamije, Mme Minata Samaté Cessouma, Commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement sociale à l’Union africaine, Dr Mamessilé Aklah Agba-Assih, Ministre déléguée de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux soins du Togo ainsi que M. Richard Amalvy, Directeur général de la Fondation Brazzaville.

 

Visionnez ci-dessous la rediffusion de l’événement :

Une dynamique de mutualisation et de coopération

Cet échange s’inscrivait dans une dynamique nouvelle en Afrique au sujet de l’accès aux médicaments de qualité et abordable. D’abord par l’opérationnalisation de l’Agence africaine du médicament (AAM) qui siégera au Rwanda.

 

Ensuite par le lancement d’un projet pilote au Togo en fin d’année, portant sur la mise en place d’un plan national de lutte contre les MFQI. Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’Initiative de Lomé (IDL), lancé lors d’un sommet organisé par la Fondation Brazzaville en 2020 au Togo, débouchant sur la Déclaration de Lomé signée par six États africains[1].

 

Le Pr Moustafa Mijiyawa, Ministre de la Santé de l’hygiène publique et de l’accès universel aux soins de la République togolaise, également coordinateur politique de l’IDL, a rappelé le caractère systémique du trafic des MFQI : « Tout le monde est d’accord pour dire qu’une action nationale est inefficace. Tout le monde est d’accord pour dire qu’un seul secteur au sein d’un pays ne peut pas s’en occuper. »

 

Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMSégalement présent lors du sommet de Lomé en janvier 2020, a nommé les trois facteurs qui favorisent la prolifération des MFQI en Afrique : « Le manque d’accès à des médicaments de qualité et abordable, […] l’absence de bonne gouvernance, […] et le manque de capacité technique. » Il a également insisté sur l’engagement politique, comme moteur de la résolution du problème des MFQI. « S’il y a un véritable engagement, il y aura partage d’informations, investissement financier, mobilisation d’un soutien international et, surtout, renforcement des capacités. »

La chaîne d’approvisionnement pharmaceutique

Les agents corrupteurs se multiplient tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Pour sécuriser l’ensemble du circuit de distribution du médicament au Togo, la Centrale d’Achat de Médicaments Essentiels Génériques du Togo (CAMEG-TOGO) agit sur la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique. Le Dr Mamessilé Agba-Assih, Directrice de la CAMEG-TOGO et Ministre déléguée auprès du ministre de la Santé de l’hygiène publique et de l’accès universel aux soins, du Togo, chargée de l’Accès Universel aux Soins reconnaît la difficulté d’identifier des fournisseurs fiables. Elle préconise la mise en place de l’IDL : « Nous devons arriver à travers ces initiatives régionales à mettre en place des systèmes d’approvisionnement que nous maitrisons de bout en bout. » Les moyens concernent notamment la centralisation des achats au niveau régional pour bénéficier d’un effet volume.

 

Par ailleurs, 70% des médicaments consommés en Afrique sont importés. Pour réduire cette dépendance et construire un système de santé résilient, il est question de coordonner la production de médicaments au niveau local et d’employer les 400 usines pharmaceutiques existantes implantées en Afrique.

Les leviers d’action pour organiser la lutte

Les deux leviers identifiés sont une action interministérielle soutenue par une législation adaptée et la nécessité d’une action coordonnée des pouvoirs publics, du secteur privé et de la société civile. Pour le Dr Mamessilé Agba-Assih, cela suppose une meilleure communication : « Il y a un dialogue à mettre en place entre certaines administrations, notamment la douane et la police […] et un dialogue interpays, via le partage d’information. » Elle a également fait référence au courage nécessaire, en plus de la volonté politique d’ores et déjà exprimée par les promoteurs de l’IDL.

Le renforcement et l’harmonisation du cadre normatif

Richard Amalvy, Directeur général de la Fondation Brazzaville et modérateur de l’événement, a présenté la loi type de l’Union africaine sur la réglementation sur la réglementation des produits médicaux. Une des recommandations de cette loi est la création d’une autorité nationale de réglementation des médicaments. Au niveau continental, c’est le rôle attendu de l’AAM. Aujourd’hui, 23 pays ont signé le traité portant création de l’AAM. Selon Mme Minata Samaté Cessouma, Commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement sociale à l’Union africaine, l’harmonisation des législations des états membres sur la base de la loi type de l’UA, est la condition sine qua non à la réussite de l’AAM.