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Publié le 18 janvier 2022 / Santé publique

Médicaments falsifiés : Perspectives 2022-2024 de l’Initiative de Lomé

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À l’occasion du deuxième anniversaire de l’Initiative de Lomé, impulsée par la Fondation Brazzaville et lancée par six chefs d’États africains lors du Sommet de Lomé le 18 janvier 2020, nous vous proposons de faire le point sur les actions menées en 2021 et les résultats attendus en 2022.

La pandémie de coronavirus, qui a marqué ces deux dernières années, a impacté le secteur de la santé de manière drastique. En cette période de crise sanitaire mondiale, les risques de trafic de faux médicaments sont accrus, notamment en raison de la prolifération du crime organisé, viennent appuyer la nécessité pour les pays africains de rejoindre l’Initiative de Lomé. La chloroquine et l’hydroxychloroquine, notamment vantées pour leurs bienfaits contre la Covid-19, sont vendues de manière falsifiées par des bandes criminelles sur le continent africain. En mars 2021, Interpol, l’organisation internationale de police criminelle, a démantelé un réseau criminel international de contrefaçon de vaccins contre la Covid-19, en provenance d’Afrique du Sud et de Chine.

Des partenariats institutionnels renforcés

Le 10 mars à Niamey, Richard Amalvy, Directeur général de la Fondation Brazzaville, s’est entretenu avec M. Ahmet Boto, alors ministre de la Santé du Niger, et le Dr Barira Dan Nouhou, Directrice de la Pharmacie, pour échanger sur la mise en place de l’Initiative de Lomé au Niger.

 

Le 21 avril 2021, la Gambie a annoncé son intention de rejoindre la République du Congo, le Ghana, le Niger, l’Ouganda, le Sénégal et le Togo au rang de signataire de l’Initiative de Lomé après une rencontre entre S.E. Adama Barrow, Président de la République de Gambie et M. Jean-Yves Ollivier à Banjul, Gambie. La République Démocratique du Congo et la Guinée Bissau ont également manifester leur intention de rejoindre l’Initiative.

 

Le 29 avril, l’Organisation mondiale de la Santé a exprimé son soutien à l’Initiative de Lomé et au programme de lutte contre les faux médicaments de la Fondation Brazzaville, dans une lettre signée par le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, adressée à Jean-Yves Ollivier, Président fondateur, et à Richard Amalvy, Directeur général.

 

Le 21 mai, Prof. Prof. Mijiyawa, Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique de la République du Togo, Jean-Louis Bruguière, ancien juge antiterroriste et membre du conseil consultatif de la Fondation, et Richard Amalvy sont intervenus à l’événement parallèle à la 30e Commission pour la prévention du crime et la justice pénale (CCPCJ) organisé par Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC).

 

Le 26 mai, la Fondation Brazzaville a obtenu le statut d’observateur auprès du Comité des Parties de la convention MEDICRIME, élaborée par le Conseil de l’Europe dans le but de renforcer la criminalisation du trafic de médicaments falsifiés au niveau mondial. Ce rôle d’observateur s’inscrit dans le programme de lutte porté par l’Initiative de Lomé, qui vise à faire adhérer ses pays signataires à la convention. Le 2 décembre, à l’occasion des 10 ans de la convention MEDICRIME, la Fondation Brazzaville a présenté au Comité des Parties les réalisations et les actions futures de l’Initiative de Lomé. La Fondation a invité le Comité des Parties et les observateurs à prendre part à la relecture de l’audit législatif réalisé en 2020 et 2021 pour dresser un état des lieux de la législation permettant de lutter contre le trafic de faux médicaments au niveau national, et d’entamer une étude comparative de ces législations afin de les harmoniser au niveau international.

 

Le 17 juillet, à Genève, Richard Amalvy et Michel Sidibé, Envoyé spécial de l’Union africaine pour l’Agence africaine du médicament (AMA), ont eu des échanges fructueux sur les avancées de création de l’agence, soutenue par les états signataires de l’Initiative de LoméLa ratification des traités internationaux fait partie de l’arsenal de l’Initiative de Lomé, parmi lesquels figure l’Agence africaine du médicament. Porté par l’Union africaine et son Envoyé spécial Michel Sidibé, le traité de création de l’agence est entré en vigueur le 5 novembre 2021.

 

Le 30 juillet 2021 à Brazzaville, M. Gilbert Mokoki, Ministre de la Santé et de la Population de la République du Congo, a reçu en audience M. Richard Amalvy, Directeur général de la Fondation Brazzaville pour échanger sur les avancées au niveau international et national de l’Initiative de Lomé contre les faux médicaments et les médicaments de qualité inférieure.

Une contribution à l’Assemblée mondiale de la santé

En contribution à la 74e Assemblée mondiale de la Santé le 25 mai 2021, la Fondation Brazzaville a organisé une table ronde à haut niveau en ligne  « La Covid-19 et les risques croissants de produits pharmaceutiques de qualité inférieure et falsifiés en Afrique : une question de santé publique et de sécurité ». Cette table ronde a permis de rassembler des intervenants de haut niveau afin de dresser un bilan et d’établir des recommandations qui ont été transmis à la présidence de l’Assemblée Mondiale de la Santé et au Directeur général de l’OMS. 

En 2022, la Fondation Brazzaville continuera à soutenir les pays signataires de l’Initiative de Lomé dans le cadre d’un programme coordonné 2022-2024 qui prévoit l’élaboration et la mise en œuvre de plans nationaux de lutte contre les médicaments falsifiés et de qualité inférieure. Ces plans nécessitent de :

 

– Mettre en place des mécanismes interministériels afin d’assurer l’application rigoureuse de nouvelles législations pénales au niveau national et d’améliorer la coopération entre les États ;

– Créer des processus de réglementation et de supervision et ont besoin de personnes qualifiées et intègres pour les mettre en œuvre et les maintenir ;

– Imaginer les moyens d’implanter des unités de productions au niveau national en lien avec les acteurs de l’industrie pharmaceutiques ;

– Évaluer la réussite du programme et réajuster la stratégie au regard des spécificités nationales et des retours d’expérience.

 

Les plans nationaux s’articuleront autour de trois domaines d’action complémentaires :

 

– La santé publique ;

– La sécurité ;

– L’état de droit.

 

Les partenaires pour l’élaboration et la mise en œuvre des plans nationaux sont des décideurs publics et privés qui représentent une variété importante de métiers et de fonctions sur la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique :

 

– Forces de sécurité et douanes ;

– Ordres professionnels dans les métiers de la santé et du droit ;

– Représentants de l’industrie pharmaceutique ;

– Gestionnaires d’hôpitaux, de centres de santés et de pharmacies.

 

Les cibles prioritaires sont :

– Les femmes qui sont à la fois acheteuses et vendeuses de médicaments falsifiés ;

– Les jeunes qui ont la capacité de changer les comportements d’achat.

 

La République togolaise, coordinatrice politique de l’initiative, la Fondation Brazzaville et les cinq autres pays (Congo-Brazzaville, Ghana, Niger, Sénégal, Ouganda) poursuivront leurs efforts pour convaincre d’autres états africains de rejoindre l’Initiative de Lomé pour réduire ce fléau.