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Publié le 03 avril 2018 / Santé publique

Medicines that lie / Les médicaments mensongers – Une crise de santé publique

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La Fondation Brazzaville a organisé avec succès, en partenariat avec le Harvard Global Health Institute et la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM), une conférence autour du sujet de la propagation des faux médicaments à travers le monde, qui s’est déroulée le 28 mars dernier au Wellcome Trust de Londres.

Légende : Lynda Scammell (MHRA – Agence de régulation des médicaments et des produits de santé britannique); Oscar Alrcón Jiménez (Conseil de l’Europe – MEDICRIME); Ashish jha (Harvard); Mick Deats (OMS), Irene Papanicolas (LSE).

35 experts et practiciens internationnaux présents

Parmi les personnalités qui ont pris part à ces échanges, des universitaires et des chercheurs d’Harvard, d’Oxford et de la LSHTM, des représentants de l’Organisation Mondiale de la Santé, du Conseil de l’Europe, des ministères de la Santé britannique et français, mais également des ONG comme l’Institut de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments et la Fondation Chirac. Des spécialistes de l’Afrique et du Moyen-Orient étaient également présents à cette conférence.

Un appel à l'action

À travers la mise en lumière de ce fléau, la conférence a permis de souligner l’importance d’agir dès maintenant pour combattre ces phénomènes qui, bien que répandus sur l’ensemble de la planète, impactent particulièrement les pays pauvres qui subissent de graves crises de santé publique.

L’Afrique subsaharienne, où 30 à 60% des médicaments en circulation sont faux ou de qualité inférieure aux normes, en est l’un des principaux exemples.

La lutte contre ce péril doit devenir un enjeu international majeur

L’un des objectifs de cette conférence était également de profiter de la prochaine Assemblée Mondiale de la Santé en mai 2018, ainsi que des assemblées du G20, de l’Union Africaine, du Commonwealth et des Nations Unis pour s’assurer que la Couverture Santé Universelle promise par le Programme de Développement Durable 2030 n’offre pas seulement un accès à des médicaments, mais véritablement à des médicaments efficaces.

 

La conférence a permis d’apporter plusieurs recommandations, parmi lesquelles :

 

L’accord sur le cahier des charges de l’Assemblée mondiale de la Santé 2017 est une avancée considérable. Cependant, les désaccords sur les définitions et sur les terminologies ne peuvent plus justifier un immobilisme.

 

Parce que les problèmes résultant du trafic de faux médicaments et de médicaments de qualité inférieur sont complexes, il est nécessaire d’obtenir plus de recherches et de données pour définir plus efficacement l’ampleur et la nature de ce fléau.

 

Les solutions politiques doivent davantage refléter la complexité de ce fléau : mise en place de meilleures réglementations et de cadres juridiques plus solides, application plus stricte des lois et sanctions plus sévères. Par ailleurs, les ministères de l’Intérieur et de la Justice doivent également être impliqués, en coopération avec le ministère de la Santé.

 

La Convention MEDICRIME du Conseil de l’Europe fournit un modèle pour l’introduction d’un cadre juridique pénal. Cependant, comme l’activité criminelle est transnationale, ce cadre juridique doit être adopté dans le monde entier pour être pleinement efficace. Jusqu’à présent, seuls 12 pays ont ratifié la convention. 

 

L’ampleur de la participation criminelle, en particulier des réseaux de trafiquants transnationaux, est un sujet important qui reste sous-étudié.

 

Des technologies innovantes, en particulier dans la détection rapide des faux médicaments ou des médicaments de qualité inférieure, apparaissent et apportent de nouvelles solutions. Il est nécessaire de s’assurer que ces nouvelles approches soient rapidement reproduites et déployées à l’échelle mondiale.

 

Un système de surveillance mondiale efficace est essentiel pour appréhender et comprendre toutes les dimensions du problème. Le nouveau système de l’OMS est un signe positif envoyé, mais il souffre considérablement d’un manque de reporting. De nouvelles approches doivent être pensées pour obtenir de meilleures données et générer des rapports plus systématiquement.

 

Les inquiétudes de la communauté internationale soulevées par la résistance croissante aux antimicrobiens (RAM) sont une raison supplémentaire pour mettre davantage l’accent sur le combat contre le trafic des faux médicaments.

 

À ce jour, les recherches ont eu tendance à se focaliser principalement sur l’offre ; il est désormais urgent d’étudier la demande. Cela implique de s’intéresser non seulement au besoin des consommateurs, mais également à l’amélioration des accès à des médicaments de qualité.